A l'âge de 10 ans, il suit sa mère, croyante fervente, à l’action catholique de l’enfance, tous les samedis après-midi. Les enfants qui y participent se retrouvent à la maison Kacy aux trois chemins de Douville, une autre section de la commune, pour réfléchir, jouer, chanter, s'adonner à des activités créatives et se socialiser.

Dans ces deux espaces de vie familiale, le conte tient une place prépondérante et Edgard FERUS y est très attentif. Il aime les récits et le verbe.
A l’âge de 12 ans, il intègre le collège de Douville, baptisé plus tard Collège Ramée Décordin, du nom d’une légendaire et populaire directrice d’école, réputée pour sa rudesse, sa droiture et son engagement culturel à l’école et dans les quartiers. Dès son intégration dans la classe de Cinquième, l'adolescent est captivé par son professeur de Français, d’Histoire et de Géographie. En effet, le professeur Marcel TASSIUS l’impressionne par son physique très athlétique, son énorme afro et sa façon de s’adresser aux élèves de manière très familière et libre.

L’enseignant attire l’admiration d’Edgard qui se sent bien dans la classe. Il est attentif, curieux et inventif. Il éprouve la sensation d'être libre et il a une grande soif d’apprendre. C’est avec cet enseignant qu’il apprend l'écriture du Créole et le théâtre. Avec lui naissent une grande appétence pour la lecture, en particulier, et un grand intérêt pour les acteurs noirs. Suite à ces trois années passées auprès de son mentor, de la Cinquième à la Troisième, il sait qui il est et quoi défendre. A 17 ans, il commence à créer de petites associations de quartier, la plus marquante étant le Club Culturel Calebasse. C'est cette orientation très culturelle et très précoce qui donnera à l’homme cette vision créatrice. Dans le même temps, il devient animateur au CVAV (Cœur Vaillant, Ame Vaillante), sur les pas de sa mère. Quand il a 19 ans, il s’en va faire son service militaire à la Martinique oû il a du temps pour lire les acteurs engagés de l’ile. Très naturellement, il rejoint le CVAV de Fort de France. Dès son retour dans son pays, il reprend sa place au CVAV de Douville et devient responsable de secteur du mouvement départemental.

Devenu animateur de centres de vacances puis directeur, il adhère à l’Union Guadeloupéenne des Centres de Vacances et devient formateur des cadres.
C’est en 1982 qu’il se lance dans l’aventure de la radio avec son cousin Bill Bicep. Parallèlement, il anime les fêtes de quartiers de la ville de Sainte-Anne mais déjà, ses animations ont une orientation très créole. Edgard parcourt les communes de Guadeloupe pour animer des veillées de contes dans les centres de vacances.

A l'évidence, le parcours de vie d'Edgard FÉRUS a toujours été rythmé et balisé par l'animation culturelle, les traditions, les contes, les us et coutumes du pays... Dès lors, comment ce défenseur acharné de nos valeurs traditionnelles allait-il réussir l'alchimie lui permettant de poursuivre son œuvre culturelle dans un cadre officiel et légal ? C'est alors que le concept Kontakaz est né, sorti de l'imagination fertile d'Edgard. Ce concept original qui prend la forme d'une association culturelle baptisé Kontakaz, en 1998, est un véritable outil de valorisation de nos contes et de nos imaginaires. A Kontakaz, on se forme, on découvre, on crée et de plus en plus de Guadeloupéens s'y intéressent. Aujourd'hui, sous la direction d'Edgard Férus, Kontakaz est incontournable en matière de transmission culturelle, vole de succès en succès et le nombre de ses réalisations ne cesse de croitre pour le plus grand bonheur des Guadeloupéens. Incontestablement, sans la patiente détermination de ce gamin de Saint-Paul, Sainte-Anne, l'univers du conte ne connaitrait pas une telle renaissance et un tel rayonnement en Guadeloupe.